|
Philippe
FONTAINE,
Maitre de Conférences à l'Université de Rouen
La passion,
Éditions Ellipses, 2004
|
|
L'état de passion se définit
par un déséquilibre, qui consiste dans la valorisation
d'une seule tendance. Mais cet aspect prédilectionnel semble
plutôt subi par le sujet que choisi, comme l'atteste l'idée
de passivité constitutive du sens premier de la
notion. C'est pourquoi la philosophie dénoncera d'emblée
la passion comme négation de la liberté du sujet,
et comme obstacle à l'accomplissement d'une vie philosophique
placée sous le signe de l'activité raisonnable. Ainsi
se comprend que l'analyse traditionnelle du phénomène
passionnel l'oppose tantôt au raisonnable, au rationnel et
au logique (pathos versus logos ), tantôt à
l'activité du sujet, menaçant ainsi sa liberté.
Dans le premier cas, la passion pose un problème épistémologique
(en tant qu'obstacle à la connaissance vraie) , dans le second
cas, elle pose un problème éthique (et engage
une politique de la liberté).
Du pathos grec à l'affection comme existential
chez Heidegger, l'ouvrage s'efforce de reconstituer le parcours
logique qui a commandé l'évolution sémantique
du terme de passion, par l'examen des doctrines qui en ont constitué
autant d'articulations essentielles. |
Introduction
:
"Le terme de passion est issu du grec pathos et du
latin passio , qui signifient "souffrance, supplice".
Cette toute première teneur de sens semble devoir déterminer
durablement la signification d'une notion comportant analytiquement,
dans son concept, une irréductible dimension de "passivité"
; le terme renvoie toujours au fait de subir, de souffrir, d'éprouver,
et commence par désigner la souffrance physique, la douleur,
la maladie, comme l'atteste l'usage du latin chrétien, où
la "Passion" du Christ est une expression visant l'ensemble
du supplice et des sévices imposés au Fils de Dieu,
sacrifié pour le rachat de l'humanité. Le terme fera
ensuite référence aux souffrances infligées
aux martyrs chrétiens. Le vocable de passion connaîtra
ensuite une extension par laquelle la souffrance physique se dépassera,
dans l'acception du terme, vers une souffrance morale, ou, plus
généralement, vers toute affection de l'âme
(au début du XIII ème siècle). Ce n'est qu'au
XVI ème siècle que le terme de passion prend le sens
plus précis de "souffrance torturante provoquée
par l'amour" (1569, Ronsard), et se décline au pluriel
pour dénoter les passions amoureuses." p.5.
Lire la suite de l'Introduction
(PDF, 88 Ko)
Voir la Table
des matières (PDF, 60 Ko)
Lire la Conclusion
(PDF 116 Ko)
|
|
|