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SOIRÉES PHILO 2008-2009 - Philippe FONTAINE |
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Philippe Fontaine, agrégé de philosophie,
docteur en philosophie,
enseigne la philosophie moderne et contemporaine à
l'Université de Rouen.
Il est spécialiste de la phénoménologie
et de l'esthétique.
On peut consulter la lsite de ses publications
sur notre site internet :
1/ extraits de ses livres
et conférences, 2/ vidéos |
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Argument : Si la
pensée de Jean-Paul Sartre (1905-1980) est une des
plus riches du vingtième siècle, par la diversité
de ses moyens d’expression (essais philosophiques,
nouvelles, roman, théâtre, journalisme, textes
politiques, etc), la question de la liberté en constitue
en tout cas le thème central. Dans une célèbre
conférence intitulée : « L’existentialisme
est un humanisme », Sartre affirme que l’ «
existence précède l’essence »,
et que le point de départ de la réflexion
philosophique se trouve dans la subjectivité.
Qu’est-ce à dire ? Ceci : un objet quelconque
se définit par un ensemble de propriétés
qui constituent son « essence », sa nature distinctive,
spécifique. Ici, l’essence précède
l’existence, puisque l’objet ne peut pas être
autre chose que ce qu’il est, et qu’il n’a
pu être produit, fabriqué, que par l’application
d’un modèle. Dans le cas de l’homme,
c’est au contraire son existence qui permet de le
définir, car il n’est rien a priori, et c’est
même cette absence de définition préalable
de son être qui le caractérise. L’homme
n’est rien d’autre que ce qu’il fait,
et le sens de son existence n’est pas déterminé
à l’avance par quelque destin, ou quelque déterminisme
que ce soit. L’homme n’est rien d’autre
que ce qu’il se fait être, et le sens de sa
vie ne sera rien d’autre que ce qui ressortira de
l’ensemble de ses actes, de ses engagements, de ses
œuvres de création. C’est en ce sens que,
chez lui, l’ »existence précède
l’essence » : l’existence désigne
ici le mouvement même par lequel chaque conscience
humaine dépasse le donné immédiat et
l’instant présent pour se lancer dans un projet
qu’elle vise dans l’avenir.
C’est ce mouvement de « transcendance »
que la philosophie sartrienne analyse sous le nom de «
liberté »; et c’est bien l’affirmation
de cette liberté qui en est le postulat fondamental.
Représentant de l’existentialisme athée
(pour Sartre, Dieu n’existe pas et le ciel est vide),
Sartre accorde à l’homme une liberté
totale, mais aussi, par voie de conséquence, une
responsabilité infinie. Je suis ultimement l’auteur
de mes actes, et ce n’est que par la diversion de
la mauvaise foi que je puis être tenté de rejeter
la responsabilité de mes erreurs, de mes fautes et
de mes échecs sur des facteurs extérieurs
(mon passé, ma famille, la société,
les circonstances, etc), afin de fuir mes responsabilités.
Au bout du compte, mon existence n’aura été
rien d’autre que la somme de mes actes, qui auront
eux-mêmes trouvé leur origine dans une décision
souveraine de ma liberté.
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Lecture conseillée : Sartre, L’existentialisme
est un humanisme, Paris, Nagel, 1966
Consulter le site de philosophie de l'académie de Paris
: http://philosophie.scola.ac-paris.fr/Sartre.htm |
Extraits à lire...
« L’existentialisme athée, que je représente,
est plus cohérent. Il déclare que si Dieu n’existe
pas, il y a au moins un être chez qui l’existence
précède l’essence, un être qui existe
avant de pouvoir être défini par aucun concept
et que cet être c’est l’homme ou, comme dit
Heidegger, la réalité humaine. Qu’est-ce
que signifie ici que l’existence précède
l’essence ? Cela signifie que l’homme existe d’abord,
se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se définit
après. L’homme, tel que le conçoit l’existentialiste,
s’il n’est pas définissable, c’est
qu’il n’est d’abord rien. Il ne sera qu’ensuite,
et il sera tel qu’il se sera fait. Ainsi, il n’y
a pas de nature humaine, puisqu’il n’y a pas de
Dieu pour la concevoir. L’homme est seulement, non seulement
tel qu’il se veut, et comme il se conçoit après
l’existence, comme il se veut après cet élan
vers l’existence ; l’homme n’est rien d’autre
que ce qu’il se fait. Tel est le premier principe de l’existentialisme.
C’est aussi ce qu’on appelle la subjectivité,
et que l’on nous reproche sous ce nom même. Mais
que voulons-nous dire par là, sinon que l’homme
a une plus grande dignité que la pierre ou que la table
? Car nous voulons dire que l’homme existe d’abord,
c’est-à-dire que l’homme est d’abord
ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient de se
projeter dans l’avenir. L’homme est d’abord
un projet qui se vit subjectivement, au lieu d’être
une mousse, une pourriture ou un chou-fleur ; rien n’existe
préalablement à ce projet ; rien n’est au
ciel intelligible, et l’homme sera d’abord ce qu’il
aura projeté d’être. »
Sartre, L’existentialisme est un humanisme, Paris,
Nagel, 1966, p. 21-22-23. « Mais si vraiment
l’existence précède l’essence, l’homme
est responsable de ce qu’il est. Ainsi, la première
démarche de l’existentialisme est de mettre tout
homme en possession de ce qu’il est et de faire reposer
sur lui la responsabilité totale de son existence. »
Sartre, L’existentialisme est un humanisme, op.
cit., p. 24.« L’existentialiste, au contraire,
pense qu’il est très gênant que Dieu n’existe
pas, car avec lui disparaît toute possibilité de
trouver des valeurs dans un ciel intelligible ; il ne peut plus
y avoir de bien a priori , puisqu’il n’y a pas de
conscience infinie et parfaite pour le penser ; il n’est
écrit nulle part que le bien existe, qu’il faut
être honnête, qu’il ne faut pas mentir, puisque
précisément nous sommes sur un plan où
il y a seulement des hommes. Dostoïevsky avait écrit
: « si Dieu n’existe pas, tout est permis ».
c’est là le point de départ de l’existentialisme.
En effet, tout est permis si Dieu n’existe pas, et par
conséquent l’homme est délaissé,
parce qu’il ne trouve ni en lui, ni hors de lui une possibilité
de s’accrocher. Il ne trouve d’abord pas d’excuses.
Si, en effet, l’existence précède l’essence,
on ne pourra jamais expliquer par référence à
une nature donnée et figée ; autrement dit, il
n’y a pas de déterminisme, l’homme est libre,
l’homme est liberté. Si, d’autre part, Dieu
n’existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des
valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite.
Ainsi, nous n’avons ni derrière nous, ni devant
nous, dans le domaine lumineux des valeurs, des justifications
ou des excuses. Nous sommes seuls, sans excuses. C’est
ce que j’exprimerai en disant que l’homme est condamné
à être libre. Condamné, parce qu’il
ne s’est pas créé lui-même, et par
ailleurs cependant libre, parce qu’une fois jeté
dans le monde, il est responsable de tout ce qu’il fait.
»
Sartre, L’existentialisme est un humanisme, op.
cit., p. 36-37.
« Les gens nous reprochent nos œuvres romanesques
dans lesquelles nous décrivons des êtres veules,
faibles, lâches et quelquefois même franchement
mauvais, ce n’est pas uniquement parce que ces êtres
sont veules, faibles, lâches ou mauvais : car si, comme
Zola, nous déclarions qu’ils sont ainsi à
cause de l’hérédité, à cause
de l’action du milieu, de la société, à
cause d’un déterminisme organique ou psychologique,
les gens seraient rassurés, ils diraient : voilà,
nous sommes comme ça, personne ne peut rien y faire ;
mais l’existentialiste, lorsqu’il décrit
un lâche, dit que ce lâche est responsable de sa
lâcheté. Il n’est pas comme ça parce
qu’il a un cœur, un poumon ou un cerveau lâche,
il n’est pas comme ça à partir d’une
organisation physiologique mais il est comme ça parce
qu’il s’est construit comme lâche par ses
actes. Il n’y a pas de tempérament lâche
; il y a des tempéraments qui sont nerveux, il y a du
sang pauvres, comme disent les bonnes gens, ou des tempéraments
riches ; mais l’homme qui a un sang pauvre n’est
pas lâche pour autant, car ce qui fait la lâcheté,
c’est l’acte de renoncer ou de céder, un
tempérament ce n’est pas un acte ; le lâche
est défini à partir de l’acte qu’il
a fait. Ce que les gens sentent obscurément et qui leur
fait horreur, c’est que le lâche que nous présentons
est coupable d’être lâche. Ce que les gens
veulent, c’est qu’on naisse lâche ou héros.
Un des reproches qu’on fait le plus souvent aux Chemins
de la liberté, se formule ainsi : mais enfin, ces
gens qui sont si veules, comment en ferez-vous des héros
? Cette objection prête plutôt à rire car
elle suppose que les gens naissent héros. Et au fond,
c’est cela que les gens souhaitent penser : si vous naissez
lâches, vous serez parfaitement tranquilles, vous n’y
pouvez rien, vous serez lâches toute votre vie, quoi que
vous fassiez ; si vous naissez héros, vous serez aussi
parfaitement tranquilles, vous serez héros toute votre
vie, vous boirez comme un héros, vous mangerez comme
un héros. Ce que dit l’existentialiste, c’est
que le lâche se fait lâche, que le héros
se fait héros ; il y a toujours une possibilité
pour le lâche de ne plus être lâche, et pour
le héros de cesser d’être un héros.
Ce qui compte, c’est l’engagement total, et ce n’est
pas un cas particulier, une action particulière, qui
vous engagent totalement. »
Sartre, L’existentialisme est un humanisme, op.
cit., p. 60 à 62.
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Mise à jour : le 01 septembre 2008
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