Liberté: La liberté, essence
de l'esprit, et, par là, de l'absolu, est le maître-mot
du hégélianisme. Elle consiste dans le fait
d'être auprès de soi, chez soi [bei
sich sein], en tout ce qui est. Être libre,
ce n'est pas se préserver, se séparer de ce
qui est autre que soi dans le tout, c'est-à-dire du
tout lui-même: une telle liberté de la séparation,
du secret, qui nie vainement le tout, ne peut en retour qu'être
niée réellement par lui, puisque seul est le
tout (exclure, refouler, c'est être dominé par
ce qu'on a exclu ou refoulé !). Être libre, c'est,
tout au contraire, participer résolument au tout, s'identifier
activement à lui, de façon qu'en étant
déterminé par lui, on soit déterminé
par soi-même; liberté positive alors efficace,
non pas vaine liberté négative. Cependant, être
chez soi dans l'agir absolu du tout, c'est ne pas seulement
être cet agir - le subir,
en pâtir -, c'est l'avoir,
maîtriser comme un libre Soi,
comme un libre sujet, la nécessité substantielle
ou objective en laquelle il se déploie. C'est actualiser
en soi le sujet universel; l'esprit absolu.
Bernard Bourgeois,
Hegel, Éditions Ellipses, 1998, p.60
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