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Librairie Anagramme, Sèvres
Daniel Sibony,
Avec Shakespeare, Seuil, coll. Points Essais, Paris 2003

Extraits :
Macbeth : La tragédie de Macbeth est celle d'un homme confondu par son destin.Vous rencontrez un signe de votre destin, une image qui vous fait signe, vous êtes tenté de le prendre en main, ce destin; de le réaliser; de prendre la suite; et vous êtes soudain "confondu", comme par un aveu, empêtré dans une cascade d'aveux et perdu dans vous-même. Pourtant vous vous dites : ces appels qui me font signe, qui témoignent de moi et de ce qui m'est "destiné", il faut bien que j'y mette la main, que j'y donne un coup de pouce, sinon devrai-je attendre passivement que mon destin se réalise? sans moi? comme s'il était déjà tout écrit d'avance? Et s'il ne réalisait alors que ma passivité? en m'annulant?

Le destin, cette correspondance littérale où nous sommes avec les forces chaotiques et rigoureuses qui nous portent et nous déportent; le destin inclut la façon qu'on a de l'approcher, de prendre contact avec. Cette approche elle-même, grande ouverte sur l'inconnu, peut l'infléchir, donc elle en fait partie; en fera partie après coup, si toutefois il y a un coup, si le coup arrive à partir. Car c'est bien la question : si nous sommes pour quelque chose dans ce qui nous arrive, cette part peut-elle se "mesurer"? sa mesure ou sa démesure est-elle donnée à l'avance? ou y a-t-il seulement une onde de possible dont les après coups auront lieu ou pas? Quelque chose, une voix, une voix ensorcelleuse vous dit que vous serez "roi". Vous faut-il alors passer à l'action ou laisser venir? honorer ce signe en le laissant se signifier, ou l'honorer en l'inscrivant soi-même? peut-on être à la fois aux deux bouts de son destin? à la fois lecteur et scripteur? en train de déchiffrer, et en train de forcer le destin, ou d'inscrire certains chiffres qu'on entrevoit?
Ce type de questions, nullement oiseuses, fait toute la trame de Macbeth, qui est aussi le rapport quotidien de chacun à son destin : il voit poindre des fantasmes, des possibles, de vagues promesses, il saute dessus, parfois "ça marche", souvent ça explose, ou ça marche juste assez pour exploser, et il se retrouve déchet de lui-même, plus ou moins détruit, jusqu'à la prochaine fois, sauf si c'est la dernière après laquelle tout est "trop tard"...

Alors ce "quelque chose" qui vous est suggéré, faut-il l'agir ou le rêver? l'interpréter peut-être?... Parfois ça vous fixe, sur place, ça vous hypnotise; parfois ça vous "retient" sans vous fixer; au contraire ça vous fait errer; ça tourne à l'angoisse. Pour Macbeth ce signe qui l'hypnotise va le noyer dans un abîme de culpabilité et d'angoisse; (mélange rare et détonnant quand la proportion y est). L'angoisse ce n'est pas seulement de sentir autour de soi des forces de désir inquiétantes car on ne sait qu'en faire; c'est d'être le jouet de soi-même, traîné et enlisé dans les méandres de sa vie comme un déchet, un déchet de soi; c'est de choisir la route évidente et d'y être indéfiniment contré, indéfiniment contrarié, par soi-même et par ce Rien qui prend toujours la même forme; c'est d'y être tellement usé, abusé, malmené, qu'on n'existe même plus assez pour se sentir agressé.

Le féminin dans Macbeth est écrasant.
Il y a les sorcières, formes multiples du féminin en proie à sa question, à son génie de l'engendrement, dans le réel et l'illusion. Le féminin qui bute sur la parole; la parole qui bute sur le réel.

Et il y a Lady Macbeth, droite, implacable sur la parole à graver; sur la parole qui fait loi. A sa manière elle réengendre son homme comme un stylet sanglant qui inscrit la parole-loi. Lady Macbeth c'est la parole faite corps, le désir de l'acte qui consumme le désir; de l'acte qui laisse le monde dénudé et les êtres réduits à eux-mêmes. Ce meurtre serait-il l'enfant qu'elle a conçu avec son homme, l'enfant qu'elle n'avait pas? De fait, elle a eu un enfant, elle a allaité. Peut-être n'a-t-elle pas eu d'enfant avec lui. Mais son homme est aussi un enfant pour elle, enfant dont la nature "est trop pleine du lait de la tendresse humaine pour saisir le chemin le plus court"; enfant dont elle redoute la droiture, la sainteté ("ce que tu veux hautement, tu le veux saintement"); elle craint sa peur, la fragilité de son désir...
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