En mai 1935,
l’Europe est en crise. Husserl est interdit de parole
publique. Il y a le nazisme, le fascisme et le stalinisme
; il y a eu 14-18 et la crise de 29. L’enjeu, c’est
la ruine de toute la civilisation européenne. Husserl
s’interroge sur le destin de l’humanité
: est-il inéluctable qu’elle sombre dans la barbarie
?
Mais le titre de sa conférence La crise
de l’humanité européenne et la philosophie
(1) peut choquer : y aurait-il une humanité européenne
et une humanité non européenne ? Il est peut-être
aussi étrange de parler d’une pensée occidentale
et d’une pensée orientale. Ces distinctions géographiques
rapportée à l’esprit ont-elles le moindre
sens ? Husserl ne donne pas au terme d’Europe un sens
géographique, historique, ou géopolitique :
il nous apprend à ne pas rester prisonniers du sens
idéologique de ce qu’on appelle aujourd’hui
l’Europe.
Une remarque préalable à la lecture de cette
conférence.
S’il est bon que les hommes s’unissent en une
cité pour cesser de vivre entre eux dans un état
de nature qui est un état de guerre,
Rousseau demandait si le remède n’est
pas pire que le mal : les Etats ainsi constitués se
trouvent en effet entre eux dans un état de guerre
et la guerre des Etats peut paraître pire que celle
des individus qui disposent de moins de moyens. Si donc il
est bon que l’Europe s’unisse au lieu de vivre
en guerre comme elle a fait au cours des siècles, il
serait vain qu’elle s’unisse contre le reste du
monde, soit pour gagner une guerre économique, soit
pour fonder son unité sur une identité communautaire.
Car le communautarisme est le communautarisme même
si la communauté qu’il affecte occupe tout un
continent. Par exemple on peut craindre que si le christianisme
figurait dans la constitution européenne comme
un élément consubstantiel à l’Europe,
on confonde tous les éléments religieux ou culturels,
comme on dit, qui on contribué à faire l’Europe,
et ce qui fait l’Europe : une exigence d’universalité
irréductible à toute confession particulière.
Si en effet le christianisme appartient à la civilisation,
la beauté des cathédrales et la sublimité
de la notion de sainteté ne sont européennes
au sens husserlien que dans la mesure elles peuvent être
pensées et comprises par tout esprit, sans qu’il
ait à se convertir au christianisme.
L’humanité que Husserl appelle européenne,
et qu’il voit naître dans la Grèce
antique, n’est donc ni grecque, ni européenne
au sens géographique ou historique : elle n’est
pas ce qu’en ont fait son lieu et sa date de naissance
; Husserl formule au contraire l’idée d’une
humanité irréductible aux conditions historiques
et géographiques de sa naissance. Sa conférence
est faite pour montrer que l’Europe historique a trahi
l’idée européenne. Y a-t-il eu depuis
lors le moindre progrès en la matière ? Marché
commun, qui certes vaut mieux que la guerre, l’Europe
s’enrichit, mais elle a peut-être définitivement
renoncé à ce qui fait son sens.
Dans l’introduction de sa conférence, Husserl
pose le problème par analogie avec la médecine
: il parle de la maladie de l’Europe. Or nous
n’avons pas une médecine rationnelle pour la
soigner, comme nous avons une médecine rationnelle
pour notre corps. Au contraire, règne en la matière
l’irrationalisme - et ses auditeurs comprenaient que
le nazisme (il n’en prononce pas le nom) n’en
est qu’une des formes les plus effrayantes et les plus
manifestes (2).
Husserl mène une réflexion sur le sens du rationalisme.
La crise européenne est une crise de la raison
: ce n’est pas la raison en tant que telle qui est en
cause, mais une déviation du rationalisme. La réussite
des sciences de la nature, des sciences physico-chimiques,
en a fait le modèle de la rationalité, de telle
sorte qu’une espèce particulière de rationalité
est devenue pour la plupart des hommes toute la raison : ainsi
dans le domaine de « sciences de l’esprit »,
chacun cherche à imiter les physiciens. Or l’esprit
ne saurait se connaître lui-même comme il connaît
la nature. Toute la conférence est un appel à
une conversion de l’esprit du dehors vers lui-même
: c’est une sorte de rappel du « connais-toi toi-même
» de Socrate. A Vienne solennellement, en 1935, la vigilance
philosophique de Husserl a sauvé l’honneur de
l’humanité - et peut-être même pensait-il
que son successeur Heidegger n’était pas assez
socratique.
A la relecture, on peut voir une parenté profonde entre
le mouvement qu’impose ici la réflexion de Husserl
et celui que retrace la « biographie intellectuelle
» de Socrate dans le Phédon
: la premier mouvement de la pensée est de se tourner
vers le monde, vers l’objet, et ainsi de penser,
« naïvement » dit Husserl, la pensée
elle-même comme un être du monde, une âme.
Le psychologisme fait de la pensée un objet parmi d’autres
et l’âme relève de la physique. La pensée
commence par se manquer elle-même, par ne pas se savoir
sujet. Même si les termes de sujet
et d’objet sont anachroniques pour parler de
Socrate, on peut dire que l’exigence comprise dans le
« connais-toi toi-même » de Socrate est
en effet ce qui libère la philosophie de la physique.
Nous avons donc en 1935 une réflexion sur l’histoire
de la philosophie et des sciences depuis Thalès jusqu’à
nous, qui a pour but de sauver la rationalité véritable,
c’est-à-dire la philosophie et les « sciences
de l’esprit » (3), mais la raison alors ne cherche
pas vainement à imiter les sciences d’objet,
les sciences physico-chimiques.
La philosophie transcendantale, avec Husserl comme avec Kant,
sait que le savoir d’objet est l’œuvre du
travail d’un esprit qui ne saurait donc se connaître
lui-même selon les méthodes qu’il a élaborées
pour connaître la nature. Les méthodes mises
en œuvre par le sujet connaissant ne peuvent être
retournées par lui sur lui et l’appréhender
à son tour «scientifiquement ». Les sciences
de l’esprit ne peuvent donc que manquer l’esprit
si elles imitent les sciences de la nature. Quel rapport entre
tout cela, c’est-à-dire finalement une philosophie
assez ésotérique ou du moins pour spécialistes
et la crise qui détruit l’Europe et l’humanité
tout entière dans les années trente ? Cette
crise en apparence politique et économique est en réalité
une crise de la rationalité, qui
découle du tour qu’a pris le progrès des
sciences positives et du contresens sur la rationalité
qui en a résulté.
Il faut ici faire très attention. Husserl ne se plaint
pas d’un trop plein de rationalité, mais d’une
méprise essentielle sur le sens de la raison,
qui conduit inévitablement à l’irrationalisme.
Il ne veut pas dire qu’il y a alors en Europe trop de
raison, mais que la réduction de la rationalité
à ce qu’elle est dans les sciences de la nature
aboutit à la négation même de la raison
et de son sens. La crise dont parle Husserl, c’est l’oubli
de l’esprit, réduction psychologiste, objectiviste
ou naturaliste de l’esprit. On pourrait dire que les
sciences cognitives sont aujourd’hui la preuve que cette
illusion l’a emporté : il n’y a pas lieu
d’être optimiste sur le destin du monde.
Il y a donc là une thèse tout à fait
singulière sur l’histoire des hommes : le sens
que les savants et les philosophes accordent à la raison
détermine l’histoire tout entière. Le
destin de l’humanité dépend de la manière
dont la raison est comprise, et un contresens sur la raison
a pour conséquence inéluctable la crise qui
aboutira à la seconde guerre mondiale. Il y a un rapport
essentiel entre la pensée comme théorie pure
et le cours du monde. Quel est ce rapport ?
Ce qui doit étonner dans la thèse husserlienne,
c’est qu’elle ne voit pas le moteur de l’histoire
dans ce qu’on a coutume de nommer l’idéal,
l’idée du droit ou de la justice (thèse
généralement qualifiée d’utopiste),
mais dans les idées et leur contenu théorique
le plus théorique : le sens accordé par les
hommes à la théorie est le principe
déterminant de l’histoire appelée par
Husserl « européenne ». Cette l’histoire
dépend de la nature de l’exigence théorétique
que Thalès est le premier à avoir exprimée,
du moins autant que nous pouvons le savoir. Seulement la rationalité
théorique, purement rationnelle et purement théorique,
ne se réduit pas à la rationalité des
sciences positives : c’est l’exigence philosophique
elle-même. Il faut donc comprendre le rapport qu’il
y a entre l’histoire - alors nommée par Husserl
européenne - et cette exigence (celle qu’exprime
la livre A de la Métaphysique
d’Aristote par exemple, lorsqu’il est dit que
l’origine de la philosophie et de la géométrie
est le loisir), et pour cela comprendre la nature
de cette exigence et des idées ou idéalités
que la philosophie pense.
Husserl parle de la naissance d’une Ideenkultur,
ce que Ricoeur traduit : « culture réglée
par des idées » (4). Or en un sens, toute culture,
même entendue au sens ethnologique, relève de
la pensée. Le « culturel » ainsi compris
est inséparable d’un système de représentations
et, comme on dit, de valeurs. C’est bien pourquoi il
convient que l’étude des différents peuples
appartienne aux sciences de l’esprit et non
à une zoologie : « il n’y a pas de zoologie
des peuples », proposition d’autant plus importante
qu’elle est proclamée publiquement par Husserl
en 1935 à Vienne. Seulement il y a des « idéalités
» qui sont des contenus de pensée indépendants
de ce que peut avoir de particulier la société
historique dans laquelle ils se trou-vent avoir été
formulés pour la première fois. Tout homme,
quel que soit son lieu de nais-sance, sa langue, sa classe
sociale, peut comprendre Euclide, et une fois qu’il
a compris une démonstration mathématique, il
devient capable d’en trouver d’autres, ce qui
veut dire que tout homme, quelle que soit sa cité ou
sa nation, peut participer à la recherche et aux décou-vertes
des géomètres et poursuivre la géométrie
: la méthode d’acquisition des idéalités
ma-thématiques peut être répétée
à l’infini.
Ainsi se constitue une communauté d’un nouveau
type, qui n’est pas fondée sur l’appartenance
culturelle mais sur la compréhension d’une
méthode et d’un contenu de vérité,
et dans cette communauté, chacun est rigoureusement
législateur et non plus soumis à des mœurs,
des coutumes ou une tradition qu’il aurait à
respecter : c’est une cité sans sujet ! La pratique
de la méthode a ceci de tout à fait extraordinaire
qu’elle implique que toute pratique particulière
peut être dépassée et c’est cela
que Husserl appelle une tâche infinie. C’est
pourquoi il est question d’une révolution initiale
dans la culture qui change le sens même de la culture
et de l’historicité (5) : la révolution,
qu’on peut dater de Thalès (mais c’est
une question secondaire), révèle le vrai le
sens l’humanité : elle fonde la tradition
de la raison ! C’est une tradition et en même
temps le contraire d’une tradition, puisque la «
transmission » y est seconde par rapport au jugement.
Ce qui est transmis, n’est retenu qu’en tant qu’il
est chaque fois jugé, et donc c’est le contraire
d’une coutume, par exemple, et de toute tradition où
l’ancienneté de ce qui est transmis en fait la
valeur. C’est la tradition de la critique.
Et cela a une grande importance, aussi bien en matière
de religion et de transmission du livre : on transmet toujours
en même temps que la traduction le texte original et
ainsi chacun peut retraduire, réinterpréter,
sans jamais rester enfermé dans une interprétation
qui serait la seule possible (6).
Il est possible à partir de là de comprendre,
en quel sens Husserl dit qu’on peut s’européaniser
et non s’indianiser. Il ne s’agit pas de changer
son sari contre un tailleur ou un jean, d’autant qu’en
ce sens on peut aussi s’indianiser. L’Europe
husserlienne, ce n’est pas les frites, ou telle habitude
vestimentaire. Ce n’est pas l’Europe géographique,
ses mœurs et ses rites, qui sont aussi particulières
que ceux des autres contrées : c’est l’universel.
Cette Europe n’est ni grecque, ni européenne,
au sens courant de ces termes, et l’on peut donc regretter
qu’Husserl ait choisi ce terme. De même parler
ici de communauté supranationale est équivoque
: il ne s’agit pas de ce qu’on appelle la communauté
internationale mais de la république des esprits,
plus proche en ce sens de la cité de Dieu
de Saint Augustin ou du règne des fins de
Kant que de l’ONU, même s’il est vrai que
l’ONU et la SDN découlent de cette exigence d’universalité,
dont le droit est l’expression, et cela par l’intermédiaire
de penseurs comme Kant, par exemple, dans son Idée
d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique
ou son opuscule A la paix perpétuelle.
Soit un exemple que Husserl ne prend pas. L’idée
même de droit et d’isonomie
est inséparable de cette tradition de la raison.
L’historicisme du XIX°, qui veut que le droit ne
soit que le droit d’un peuple à un moment de
l’histoire, en est la négation. On voit bien
ici en quoi il y a une exigence d’universalité,
dont la première expression est la philosophie, et
qui s’étend à la vie humaine tout entière
jusqu’à donner une déclaration universelle
des droits de l’homme, une cour internationale
de justice : c’est une institution particulière,
réformable, améliorable, mais son principe échappe
à ce qui est seulement culturel. Cet exemple
permet de comprendre en quoi l’histoire cesse d’être
la simple transmission d’une tradition, pour devenir
une tâche infinie, orientée par une
idée.
Mais plus rigoureux Husserl s’en tient seulement à
la signification première, théorétique,
de la révolution par laquelle l’humanité
« européenne » s’est constituée
: la volonté de comprendre pour comprendre, la théorie
pure. La philosophie, comme Aristote l’a vu, c’est
d’abord le loisir de penser : la volonté
de penser pour le principe, et non en vue d’autre chose
que de comprendre. Alors, indépendant de toutes les
nécessités de l’existence et du sérieux
de la vie, un intérêt d’un nouvel ordre
parle en nous, celui de la vérité. Il en résulte
une conséquence inouïe concernant tout le reste
de notre existence, et particulièrement de notre existence
sociale : le philosophe qui naît alors ne se contente
plus de croire aux valeurs de la cité, il devient juge
des biens et des maux (séparer vérité
et valeur est un des symptômes de la crise
de la rationalité (7)). La liberté du jugement
est ainsi posée en même temps que la norme idéale
à laquelle tout est soumis. Socrate ne se confond pas
avec l’athénien qu’il est (8). Et donc
il sera traité de spartiate dans Les Nuées,
c’est-à-dire accusé de trahir sa
cité. Mais c’est lui qui ne collaborera pas avec
les Trente mis en place par Sparte! La mort de Socrate se
poursuit dans le conflit toujours renaissant entre la tradition
de la raison et la tradition tout court. L’idée
européenne, au sens de Husserl, n’existe que
par un combat de tous les instants.
Husserl parle d’un développement orienté
vers un pôle idéal qui est éternel (9).
Il y a donc une finalité de l’histoire européenne
d’un autre ordre que la finalité biologique.
Négativement, tâche infinie et pôle
éternel, cela veut dire qu’aucune forme
réelle n’accomplit assez l’humanité;
l’humanité peut toujours aller au delà
de ce qu’elle a atteint dans son développement,
ce qui n’est pas le cas dans l’ordre de la vie
animale ou végétale, qui ne sort pas du fini.
Il n’y a pas de tâche biologique. Seul l’homme
n’est jamais assez adulte. Cette infinité du
spirituel signifie que la forme humaine est irréductible
à toute finalité animale ou naturelle (ce qu’oublie
une interprétation objectiviste de la neurologie qui,
parce qu’elle réussit admirablement, s’érige
en « science de l’esprit »).
La conscience de cette tâche infinie devenue explicite
avec les Grecs signifie aussi que rien de seulement empirique
ou de donné, pas même les textes grecs, ne peut
être considéré comme contenant le sens
de ce développement, et que toutes les formes particulières
qu’il prend et qui sont ses moments, par exemple telle
philosophie, doivent être objets de critique et doivent
être repris toujours à nouveaux frais, en fonction
de l’idée de cette fin ultime qui leur donne
sens. Et en effet on ne peut comprendre ces moments particuliers
qu’en les rattachant à cette fin, tandis qu’un
esprit étranger à cette finalité, s’il
les considère seulement d’un point de vue historique
et empirique, ne verra jamais leur sens : ainsi la critique
husserlienne de Descartes permet de retrouver un Descartes
exigeant qu’une interprétation universitaire
avait fait objectiviste ! La grandeur d’une nouvelle
philosophie se mesure à la lumière qu’elle
apporte sur les précédantes et non au fait qu’elle
les rendrait obsolètes.
La conférence de 1935 esquisse l’idée
d’une humanité fondée sur la compréhension
de la vérité. C’est dire que l’école
est l’essence de l’humanité, si du moins
on entend le terme d’école au vrai sens : l’école
a pour fin d’instruire, et non d’inculquer
des valeurs, c’est-à-dire des préjugés
sociaux ou moraux. L’humanité alors est libre
par rapport à ce qu’on appelle aujourd’hui
les traditions culturelles. Pour le comprendre, il suffit
peut-être de se rappeler que la vérité
apparaît et qu’elle illumine l’esprit, lorsqu’il
distingue le monde et la représentation que les hommes
s’en font. Le « tout est eau » de Thalès
accomplit cette rupture, qui n’est pas d’abord
objectiviste, mais qui est l’expression de la rationalité
de la pensée. Cette proposition signifie d’abord
que ce ne sont plus les prêtres et les politiques, ou
la tradition, qui nous disent ce qu’est le monde. Dorénavant
toute découverte doit donc à son tour être
l’objet d’une critique. Ainsi s’est d’un
coup trouvé lancée la tâche infinie dont
nous avons parlé : nous n’en aurons jamais fini
de découvrir le monde. La vérité est
maintenant l’horizon de l’histoire.
D’un seul et même mouvement l’humanité
prend conscience d’elle-même comme communauté
spirituelle et découvre le monde ou la nature, ou plutôt
formule l’idée de nature, c’est-à-dire
met en œuvre une science du monde qui ne se réduit
plus à la vision subjective et culturelle du monde
imposée par exemple par la religion de la cité.
La philosophie, c’est le contraire d’une vision
du monde. L’idée qui anime cette humanité
« européenne », c’est la philosophie:
ainsi la conférence de Husserl conclut sur la fonction
« archontique » de la philosophie. Ce n’est
pas le règne des philosophes, devenus hommes de pouvoir
ou se mêlant de politique (alors au contraire c’est
la trahison des clercs caractéristique du XX° siècle).
C’est la rationalité, principe de l’histoire
européenne : l’idéalité comme principe.
N’est-ce pas là une profonde reprise de La
république de Platon ? Mais si les philosophes
eux-mêmes deviennent objectivistes, alors tout est perdu
et l’on s’enfoncera dans la crise. Husserl n’a
fait cette conférence que parce qu’il savait
que le sort du monde dépend de la vigilance des philosophes.
Notes
(1) Vienne 7 mai 1935 , Traduction Ricoeur. Édition
bilingue chez Aubier.
(2) Cf. à la fin de la conférence, les propos
de Husserl sur la haine de l’esprit, la haine
de la raison : la misologie (cf. Phédon).
(3) Nous ne pouvons dire « sciences de l’homme
», puisque la question est de savoir si ces prétendues
sciences sont ou non sorties de l’illusion
qu’analyse Husserl, si elles ont retrouvé l’esprit.
(4) Cf. p.41
(5) p.45
(6) Cf. La voie romaine de Rémy Brague.
(7) Cf. après la guerre, Léo Strauss, Droit
naturel et histoire, et sa critique de Max Weber et de
tous les relativismes qui conduisent à un irrationalisme
en matière de politique, et la nécessité
de revenir à la philosophie politique antique.
(8) Les anciens voient en lui le père du cosmopolitisme
cynique, totalement libéré des croyances de
la cité.
(9) p. 33.
Jean-Michel MUGLIONI
Khâgne Louis-le-Grand. Paris. |