L’ Union Européenne
considerée comme un Hypertexte
a. « L’ Union Européenne considérée
comme un Hypertexte qui nous emmène via des
Hyperlinks, comme dans une chrono-machine, à
des lieux précis et concrets, espaces de « «Blut
und Boden » c’est-à-dire produits d’une
généalogie et en même temps d’un
territoire et d’une culture locale. » Il existe
ici un double sens : le préfixe Hyper nous renvoie
à la notion de l’ au–dessus, d’une
entité souveraine, qui domine, contrôle ses «
«contenus » , mais en même temps il s’agit
d’un espace virtuel, c'est-à-dire fictif, artificiel,
dérivé de l’univers numérique.
Cette Hyper-synthèse est active et performante,
mais elle est privée de substance, d’essence
même. Elle n’est pas un sujet, elle est une structure.
Elle est incorporelle et ubiquiste, sans centre, mais elle
exerce quand même des fonctions et des opérations
qui influencent la vie quotidienne des gens. Pour le paysan
ou le citoyen anonyme de Bretagne, de Toscane, de Cadiz, de
Sicile ou d’Epire c’est une entité abstraite
et lointaine. Sa vie est ici, dans ce territoire, dans cette
langue, dans cette tradition mais en même temps il est
« convoqué » du côté de l’U.E.
L’U.E. essaye de fabriquer une idéologie, mais
le citoyen peut s’interroger s'il existe une référence
spirituelle, idéologique réelle, vers cette
Hyper-structure.
b. « L’Europe : un espace rationnel à la
Kant*, dont l’universalité même intra-européenne
est fondée sur la raison, au-delà de toute particularité
nationale-géographique, une structure méta-historique,
méta-politique, au-delà c’est-à-dire
des entités concrètes, ou une Europe des Peuples,
et des quels peuples : pas des entités ethniques au
sens du romantisme allemand, des «Völker
», mais des États-peuples au sens souverain ou
des peuples au sens politique de gauche. Mais l’ «Europe
des Peuples» est soumise (?) à celle de l’Euro-bureaucratie.
De l’autre côté, l’Europe des Droits
de l’Homme risque de devenir plutôt trop individualiste,
à l’Américaine, et loin d’être
une Europe intégrée, souveraine et sythétisante
des particularités, l’Europe d’un consensus.
En même temps le débat sur le type de souveraineté
et d’intégration est en cours, et l’idée
d’une Europe centralisée inquiète pas
mal d'Européens."
Emilios Politis
Proviseur adjoint, professeur de français au Lycée
VII de Peristeri, Grèce
* voir aussi le texte de
Bernard Bourgeois : Philosophie
de l’Europe in « L’idéalisme
allemand » en ligne sur le site.
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