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Jean-Christophe Goddard, Professeur à l'Université de Poitiers
Membre du Centre de Recherches sur Hegel et l'Idéalisme Allemand de Poitiers

Hegel et l'hégélianisme
Éditions A. Colin, Paris, 1998, 95 pages

Lire un autre extrait : Entendement et raison


La vie de Hegel


Georg Wilhelm Friedrich Hegel est né à Stuttgart en 1770, dans une famille luthérienne, anciennement établie en Souabe - l'actuel Bade-Wurtemberg - pour échapper à l'intolérance religieuse d'un prince catholique. Son père, fonctionnaire des finances, appartient à ce milieu modeste de la petite bourgeoisie intellectuelle allemande, qui fut la plus sensible aux idées révolutionnaires françaises et portait en elle le germe d'une réforme libérale et constitutionnelle de l'Allemagne. Le destin personnel et philosophique de Hegel portera toujours la marque de cette double origine religieuse et sociale. Tout au long de sa vie, constamment en butte aux restrictions que le parti de l'orthodoxie religieuse et de l'absolutisme politique impose à la liberté de penser et au progrès des idées réformatrices, Hegel errera à travers toute l'Allemagne pour s'établir à chaque fois dans l'État le plus disposé à laisser s'exprimer librement les idées nouvelles.

C'est au Gymnase de Stuttgart qu'il commença à se familiariser avec les idées des Lumières allemandes. À 18 ans, il entreprit des études de théologie pour devenir pasteur. C'était là pour un jeune homme de sa condition le seul moyen de poursuivre ses études; une bourse ducale lui permit de s'inscrire à la fondation protestante de Tübingen, le fameux Stift, où il se lia d'amitié avec deux de ses condisciples, qui allaient devenir, comme lui, des figures imposantes de l'idéalisme allemand: le poète Hölderlin et le philosophe Schelling. Là, il acquit une solide formation en langues anciennes, en histoire, en philosophie et en théologie. C'est au Stift qu'il apprend la nouvelle de la Révolution française, dont il devient immédiatement, aux côtés de Hölderlin et Schelling, un ardent défenseur. Bien que s'étant présenté avec succès aux examens, Hegel, comme Hölderlin et Schelling, refusera de devenir pasteur. Il sera précepteur d'abord à Berne (de 1793 à 1796), puis à Francfort (de 1797 à 1800), où il rejoint Hölderlin. Durant cette période de préceptorat, il écrit ses premiers textes, qui ne seront pas publiés de son vivant: Religion nationale et christianisme, Vie de Jésus, La Positivité de la religion chrétienne, L'Esprit du christianisme et son destin.

Après la mort de son père en janvier 1799, et grâce à l'héritage laissé par celui-ci à ses trois enfants, Hegel part rejoindre Schelling à Iéna, où il soutient en 1801 une thèse latine intitulée De orbitiis planetarum (Dissertation sur les orbites des planètes), en laquelle il prend déjà quelques distances avec la physique de Newton. Il devient alors Privat-docent, puis professeur extraordinaire (en 1805) à la prestigieuse université d'Iéna, qui, grâce à l'enseignement de Reinhold et de Fichte, avait acquis la réputation d'être en Allemagne à la fois un laboratoire et un centre de diffusion des idées philosophiques nouvelles issues de l'oeuvre de Kant. Ces vacations ne donnent pas encore à Hegel la véritable reconnaissance universitaire que signifierait l'attribution d'une chaire d'enseignement. Cette période est cependant d'une extrême fécondité et de la plus grande importance pour la formation de son projet systématique. En 1801, il publie son écrit sur la Différence des systèmes de Fichte et de Schelling, et en 1802-1803 de nombreux articles dans le Journal critique de la philosophie, qu'il a fondé avec Schelling, déjà en poste à l'université d'Iéna. C'est également à Iéna qu'il écrit son premier grand ouvrage, la Phénoménologie de l'esprit, qui paraîtra en 1806.

Ayant perdu ses biens lors du pillage d'Iéna par les troupes napoléoniennes, et cherchant à se sauver d'une situation sentimentale complexe (en 1807 naissait son fils naturel, Louis Fischer), Hegel accepte en 1808 de devenir, sur la proposition de Niethammer, directeur du Gymnase de Nuremberg en Bavière. C'est là qu'il esquissera pour la première fois, dans son enseignement aux élèves des grandes classes, une première vision d'ensemble de son système. C'est aussi à Nuremberg qu'il écrit et publie, en 1812 et 1816, son second grand ouvrage, la Science de la logique. En 1811, il épouse la fille d'un patricien de Nuremberg, Maria von Tucher, dont il aura deux enfants (Karl et Immanuel).

En 1816, à quarante-six ans, Hegel obtient enfin, à Heidelberg, le poste de professeur d'université auquel il pouvait déjà prétendre depuis longtemps. Jouissant alors d'une reconnaissance grandissante, il publie en 1817 un exposé de l'ensemble de son système: le Précis de l'Encyclopédie des sciences philosophiques. À la fin de l'année 1817, Hegel devient professeur à l'université de Berlin, où sa pensée connaîtra un rayonnement sans pareil grâce à ses Leçons sur la philosophie du droit, sur la philosophie de la religion, sur l'esthétique, sur l'histoire de la philosophie et la philosophie de l'histoire. De ces leçons, seules seront publiées de son vivant, et sous son contrôle, en 1821, les leçons sur le droit, sous le titre de Principes de la philosophie du droit.

Hegel mourra à Berlin en novembre 1831. Il sera inhumé, conformément à son voeu, à côté de la tombe de Fichte.

Jean-Christophe Goddard
, Professeur à l'Université de Poitiers
Membre du Centre de Recherches sur Hegel et l'Idéalisme Allemand de Poitiers
Hegel et l'hégélianisme, Chapitre I, Dossier 1, pp. 6-7, Éditions A. Colin, Paris, 1998, 95 pages

Lire un autre extrait : Entendement et raison


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