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Jean-Christophe Goddard
Professeur à l'Université de Poitiers
Membre du Centre de Recherches sur Hegel et l'Idéalisme Allemand de Poitiers
Membre du Groupe d'Études Fichtéennes : site http://geflf.chez.tiscali.fr
Fichte, Assise fondamentale de la doctrine de la science
Éditions Ellipses, Paris, 1999, 63 pages

C'est grâce à l'appui de Goethe que Fichte accéda en 1794 à la chaire de philosophie, laissée vacante par Reinhold, de la fameuse université d’léna. Le succès de Fichte y fut immense, et ses premiers cours, consacrés à la fondation de son système, parurent feuille à feuille sous le titre d'Assise fondamentale de la doctrine de la science.
Ce texte, plus couramment désigné comme la Doctrine de la science de 1794, exerça une influence hors du commun sur la philosophie allemande du XIXe siècle. Les premiers disciples de Fichte s'appelaient Reinhold, Schelling, Frédéric Schlegel, Novalis : Hölderlin se plongea si profondément dans l'étude de la Doctrine de la science que sa pensée en gardera tardivement la marque. Hegel, enfin, ne put inaugurer son oeuvre propre sans repousser dans l'ombre la figure trop lumineuse de Fichte, auquel il ne cessera cependant d'emprunter.

Lire un extrait :
Situation de l'Assise fondamentale de la doctrine de la science
dans l'oeuvre de Fichte


Sommaire


Présentation de l'œuvre

Situation de l'Assise fondamentale de la doctrine de la science dans l'oeuvre de Fichte

I - L'exposé du fondement de la Doctrine de la science
II - La Doctrine de la science comme système

Plan et signification générale de l'Assise fondamentale de la doctrine de la science
I - Division de l'ouvrage. La question du premier principe
II - La réfutation de l'interprétation empirique du « Je suis »
III - Le « Je suis» comme expression de l'acte pur qui est fondement de toute conscience
IV - L'impensabilité du moi absolu sujet-objet
V - La tendance à l'activité pour l'activité du moi absolu
VI - Du moi absolu (inconscient) au moi pratique (conscient)
VII - Le moi comme effort et le non-moi
VIII - Le cercle de l'esprit fini
IX - Le pouvoir de l'imagination
X - L'antinomie de l'idéalisme et du réalisme
Textes commentés

Le moi comme sujet absolu
Réalisme et idéalisme dogmatiques, idéalisme critique
Le flottement de l'imagination
Notre destination pour l'éternité
Être absolu, être pratique, être intellectuel du moi
La Doctrine de la science est réaliste
Vocabulaire

Choc - Dogmatisme – Effort - Flottement de l'imagination - Idéalisme critique - Imagination - Intuition intellectuelle - Limitation - Moi absolu - Non-Moi - Principe

Bibliographie


Présentation de l’œuvre



L'Assise fondamentale de l'ensemble de la doctrine de la science de 1794-1795 fut, jusqu'à l'édition posthume de ses oeuvres par son fils (Immanuel Hermann Fichte), la seule version publiée de la philosophie première de Johann Gottlieb Fichte. Durant les décennies où s'est forgé, dans une effervescence philosophique exceptionnelle, le destin de ce qu'il est convenu d'appeler l'idéalisme allemand, l'Assise fondamentale de 1794 demeura, de ce fait, le principal et pratiquement l'unique texte de référence fichtéen avec lequel les fondateurs de la philosophie moderne allemande entrèrent en discussion. Son influence sur la première moitié du XIXe siècle fut aussi importante que celle, par exemple, de la Critique de la faculté de juger de Kant.

Il ne s'agit pourtant pas à proprement parler d'un livre, mais d'abord d'un cours paru feuille à feuille, de la mi-juin 1794 au début du mois d'août 1795, en accompagnement de l'enseignement de Fichte à l'université de Iéna où il venait d'être nommé sur la chaire de philosophie kantienne. Un poste dont il sera chassé par la Querelle de l'athéisme en 1799. C'est sur ce seul texte, publié pour la seconde fois chez deux éditeurs différents au début de l'année 1802, que se sont basés tant l'enthousiasme que les sévères réserves avec lesquels non seulement, bien sûr, la philosophie de Fichte, mais aussi la philosophie transcendantale kantienne, furent reçues de Schelling, de Hegel, de Hölderlin et des romantiques allemands. Être kantien, s'était être fichtéen : plus que la Critique de la raison pure ou la Critique de la raison pratique, l'Assise fondamentale de 1794, par la systématisation qu'elle opère des philosophies théorique et pratique de Kant, paraissait la version accomplie de la philosophie kantienne, hissée au niveau d'une science par son disciple.

On ne saurait, ainsi, rien comprendre à l'hommage rendu à la philosophie de Kant par Hegel (1), comme à la réfutation qu'il en propose, sans avoir à l'esprit l'interprétation de la Critique de la raison pure délivrée par l'Assise fondamentale, au moins sur trois points décisifs :
1) la fondation de la connaissance dans l'unité originairement synthétique du moi ou du je (la théorie de l'aperception transcendantale) ;
2) l'application des concepts purs de l'entendement à l'intuition sensible par le schématisme (la théorie de l'imagination transcendantale) ;
3) l'antithétique de la raison pure exposée dans la Dialectique transcendantale.

Puisqu'il ne nous est guère possible, ici, de mener un commentaire exhaustif, nous nous limiterons au traitement de ses trois points en examinant successivement :
1) la nature et la signification de l'affirmation du moi comme premier principe de la Doctrine de la science (2) ;
2) la théorie fichtéenne de l'imagination comme faculté de produire l'intuitionné et comme méthode(3) ;
3) le conflit de l'idéalisme et du réalisme dogmatiques à quoi se ramène, pour Fichte, l'illusion transcendantale (4).

Nous accorderons une place privilégiée à l'interprétation du premier principe, qui commande l'accès à l'ensemble du texte.

Mais il nous faut préalablement dire un mot de la place de l'Assise fondamentale dans l'ensemble de l'oeuvre philosophique de Fichte.

(1) Cf. notre Hegel et l’hégélianisme, coll. « Synthèse », Armand Colin, 1998.
(2). Cf. infra, Plan et signification générale..., I à VI.
(3). Cf. infra, Plan et signification générale..., VII à IX.
(4). Cf. infra, Plan et signification générale..., X.

Lire un extrait : Situation de l'Assise fondamentale de la doctrine de la science dans l'oeuvre de Fichte


Autres publications de Jean-Christophe Goddard sur notre site :

Hegel et le hégélianisme
Vie impersonnelle et individuation tragique : Deleuze, Nietzsche, Hölderlin (format PDF)

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