Jean-Jacques
Jolly
Résumé
synthétique de la journée du 13 novembre 2002,
Au cours de la matinée du 13 novembre 2002,
nous avons lu les premiers paragraphes de l'introduction de
la troisième partie sur la vie éthique. Nous
avons démêlé ensemble quelques difficultés
des premiers paragraphes de l'introduction à La
vie éthique.
Le texte que nous étudions appartient
dans l'Encyclopédie des sciences philosophiques
à la seconde section de La Philosophie de l'Esprit
que Hegel appelle aussi "Esprit objectif". L'Esprit
s'est à présent concrétisé dans
des modes d'êtres institutionnels, éthiques,
juridiques ou politiques qui sont les expressions réfléchies
de nos actions et de nos pratiques. Ce texte se présente
comme la science philosophique du droit qui a pour objet l'Idée
du droit. (§1).
Avant d'étudier la troisième partie,
nous avons rappelé les grandes divisions de l'ouvrage.
Il y en a trois qui correspondent au développement
de la volonté libre. Dans un premier moment celle-ci
s'affirme dans l'appropriation ou la possession d'une chose.
Ce moment est celui du droit abstrait dont l'expression la
plus remarquable est le droit romain. C'est dans le second
moment que surgit une nouvelle forme du vouloir. Hegel analyse
alors la moralité ou droit de la volonté subjective.
Il s'agit du moment subjectif du droit où se trouve
abordée la question de la conscience morale. C'est
dans la troisième partie que nous étudions cette
année que le philosophe aborde la vie éthique
qui dépasse le moment abstrait et le moment subjectif
du droit.
Après avoir lu le paragraphe 141 et sa
remarque, le groupe de professeurs présents a étudié
les premiers paragraphes (essentiellement 142 à 147).
Nous avons tenté de lever un certain nombre de difficultés
de lecture et de compréhension. Il nous a semblé
que l'objet de ce début de texte est la définition
même de la vie ou la réalité éthique
(die Sittlichkeit) en tant qu'elle réalise en
l'effectuant l'Idée de liberté. En effet, on
assiste maintenant à l'unification du côté
objectif (le droit abstrait) et du côté subjectif
(la moralité) du concept de liberté.
On a vu notamment que les § 144 à
147 explicitaient cette unité retrouvée en montrant
comment elle était vivante ou effective. La substantialité
éthique qui s'impose aux individus ne se manifeste
pas du dehors comme dans le monde grec. Elle est à
présent voulue par les individus. C'est la raison pour
laquelle la loi ne leur apparaît pas comme arbitraire
mais comme leur production ou leur uvre. Mais de la
même façon, parce qu'elles sont réfléchies
par les individus, les institutions ne peuvent plus nous être
étrangères. La substance éthique se réfléchit
et devient par conséquent objet de savoir. C'est ce
qui explique que tous les produits de la réalité
historique et sociale que Hegel nomme seconde nature sont
maintenant considérés comme bien supérieurs
aux êtres naturels. L'être naturel est en effet
contingent et sa rationalité n'est trouvée que
du dehors par l'activité de l'esprit scientifique.
Les pratiques sociales et les institutions sont produites
historiquement par des êtres conscients et leur rationalité
est immanente. Il y a donc une supériorité des
lois éthiques sur les lois naturelles dans la mesure
où l'Esprit est plus prés de lui-même
dans les premières que dans les secondes. Cette idée
du § 146 est confirmée par le paragraphe suivant
qui établit que la substance éthique n'est pas
quelque chose qui nous aliène mais bien l'élément
dans lequel nous vivons et sommes plongés en quelque
sorte.
Madame Monique CASTILLO, professeur de
philosophie à Paris XII, Université Paris Val-de-Marne,
est intervenue l'après-midi de la même journée
pour aborder la critique hégélienne de
la conception kantienne du droit. Cette conférence
a examiné la question philosophique du droit à
partir des trois présentations du droit naturel chez
Hobbes et Locke d'une part, puis chez Kant sous la forme d'un
droit rationnel et enfin chez Hegel dans le concept de droit
substantiel. La conférencière a tout d'abord
montré comment il s'agissait pour Hegel de dépasser
une philosophie du droit fondée sur la représentation
et de fonder objectivement le droit en faisant droit à
la subjectivité. Elle a enfin abordé la question
de savoir quelle conception du droit des gens pouvait régler
les rapports entre États. Cette seconde partie lui
a permis de montrer quelles étaient, au sujet de la
guerre, les différences entre Kant et Hegel.
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