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Philippe Fontaine,
Grand Prix d'Auteur 1986, exposition photo :
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Rome 1985
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Rome 1985
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Rome 1985
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Rome 1985
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Mykonos 1986
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Paris 1986
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Musée
Nicéphore NIÉPCE, à CHALON-SUR-SAONE :
nov 86 - janvier 87 |
À travers quelques prédilections thématiques,
Ph. FONTAINE aime à insérer un personnage
dans une architecture.
L'élément architectural
peut varier : brutal comme une grotte, antique comme une ruine,
élaboré et savant comme un château, simple
et banal comme une maison.
Dans ce cadre là, les variations
de l'homme sont curieuses.
Le personnage est souvent encombré.
Encombré d'objets (parapluies, costumes, drapeaux,
etc.
) ou encombré de la vieillesse et de la vie.
En endossant son costume, c'est
en réalité le décor lui-même qu'il
endosse. Il s'installe dans l'espace comme chez lui. Il s'y
endort.
Mais ce sont encore des moments
: moments d'oubli, de détentes, de relâchements,
d'intimités.
Et, en extérieur, moments
d'intérieurs.
Paul JAY, Conservateur du Musée Niépce
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Qui
est Phillippe Fontaine ?
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" Une oeuvre d'art devrait toujours nous apprendre
que nous n'avions pas vu ce que nous voyons. "
Paul Valéry
Philippe
FONTAINE, né le 1er décembre 1948 à
ROUEN. Agrégé de Philosophie. Commence à
pratiquer la photographie vers l'âge de vingt ans,
puis, après une longue interruption que nourrit une
réflexion approfondie sur le statut de l'image dans
son rapport au réel, revient à la pratique
de la prise de vues, essentiellementorientée vers
le reportage humain.
Convaincu depuis toujours que la photographie nous donne
accès à une autre dimension de la réalité,
une quasi-surréalité que la perception quotidienne
occulte, je m'efforce de m'imprégner, au cours de
longues promenades sans but déterminé, de
l'atmosphère d'une ville, d'une rue, d'un quartier,
de leurs " vibrations ", afin d'en saisir le sens
caché, au travers de prises de vues qui sont autant
de coupes instantanées dans le déroulement
temporel de la vie.
L'intérêt de
la photographie me paraît en effet résider
dans cette propriété d'arrêter le temps,
ou du moins, d'en fixer sur la pellicule l'instant infinitésimal
où, par l'arrangement fortuit des éléments
visuels qui composent la scène, un sens se révèle
brusquement et nous fait accéder, comme par une grâce
qui nous est faite, à l'insolite et au mystère
du monde que le regard habituel, obnubilé par le
souci de l'intérêt immédiat et de la
vie concrète, échoue à percevoir.
Quant aux sujets, le quotidien m'intéresse, ou plutôt
ce qui, dans le quotidien, transcende la banalité
quotidienne, la subvertit, la mine souterrainement, pour
nous donner à percevoir, en un millième de
seconde, l'infinie discontinuité qui vient renier
et désavouer la continuité temporelle, la
configuration éphémère, le mouvement
immobilisé, bref la révélation de la
structure cachée du monde. C'est bien cette structure
secrète du réel qui se met en place sur ce
rectangle de sels d'argent, cette géométrie
en noir et blanc qu'est une photographie.
Pour autant, ce désir de perfection dans la construction
de l'image (qui m'amène à cadrer définitivement
à la prise de vue et ne jamais recadrer au tirage)
ne me paraît pas devoir l'emporter complètement
sur le reste dans la démarche du photographe, pour
lequel il ne s'agit pas seulement de donner à voir,
mais aussi à sentir : une photographie forte n'est
pas seulement formellement parfaite, elle est émotionnellement
suggestive. Réduire la photographie à une
pure combinaison du signifiant, c'est se priver de la richesse
de l'émotion. C'est pourquoi, sans doute, je privilégie
toujours la dimension humaine du monde ; au fond, seul
l'homme m'intéresse, car il est vrai de dire, avec
Sartre : " c'est par l'homme que le sens vient au monde
".
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