Lorsque j'étais un enfant,
Un dieu souvent m'a sauvé
Des cris et de la cravache des hommes,
Je jouais, alors, sûr et bon,
Avec les fleurs du bois,
Et les brises du ciel
Jouaient avec moi.
Et, de même que tu mets
Le cur des plantes en joie,
Quand elles tendent vers toi
Leurs bras délicats,
Tu as mis mon cur en joie,
Ô mon père Hélios (1) ! Et j'étais
Comme Endymion (2), ton préféré,
Ô Lune sacrée.
Ô vous tous, Dieux
Amicaux et fidèles !
Si vous pouviez savoir
Comme mon âme vous a aimés !
Certes, je ne vous appelais pas
En ce temps-là par des noms, et vous non plus
Vous ne me nommiez pas, comme les hommes se nomment,
Comme s'ils se connaissaient.
Mais je vous connaissais mieux pourtant
Que j'ai jamais connu les hommes,
Je comprenais le silence de l'éther :
Je n'ai jamais compris la parole des hommes.
L'harmonie fut ma mère
Dans la chanson des arbres
Et c'est parmi les fleurs
Que j'appris à aimer.
C'est dans les bras des dieux que
j'ai grandi.
(1) : Hélios : le soleil. En utilisant les dénominations
grecques et latines, Hölderlin se défait du couple
germanique où le soleil est féminin et la lune
masculin.
(2) : Endymion : le beau pâtre auquel Zeus accorda jeunesse
et sommeil éternels, aimé de la lune et visité
par elle dans la grotte du mont Latmos.
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Da ich ein Knabe war,
Rettet ein Gott mit oft
Vom Geschrei und der Rute der Menschen,
Da spielt ich sicher und gut
Mit den Blumen des Hains,
Und die Lüftchen des Himmels
Spielten mit mir.
Und wie du das Herz
Der Pflanzen erfreust,
Wenn sie entgegen dir
Die zarten Arme strecken,
So hast du mein Herz erfreut,
Vater Helios ! und, wie Endymion,
War ich dein Liebling,
Heilige Luna !
O all ihr treuen
Freundlichen Götter !
Dass ihr wüsstet,
Wie euch meine Seele geliebt !
Zwar damals rief ich noch nicht
Euch mit Namen, auch ihr
Nanntet mich nie, wie die Menschen sich nennen,
Als kennten sie sich.
Doch kannt ich euch besser,
Als ich je die Menschen gekannt,
Ich verstand die Stille des Äthers,
Der Menschen Stimme verstand ich nie.
Mich erzog der Wohllaut
Des säuselnden Hains
Und lieben lernt ich
Unter den Blumen.
Im Arme der Menschen wuchs ich
groB.
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